Issu d'un milieu ouvrier, Marcel
Lefèvre est né le 17 mars 1918 aux Andelys (Eure),
sixième d'une famille de sept enfants.
Son père en 1923 est
victime d'un grave accident de travail, son frère aîné
en 1926, est tué en accomplissant son service militaire.
A 16 ans, Marcel Lefèvre
passe brillamment le brevet élémentaire, mais
ses parents ne peuvent pas lui faire continuer ses études,
il devient employé de banque mais continue à
étudier lui-même.
Sportif dans l'âme, il
rêve de l'aviation et obtient, grâce à
l'Aviation populaire, son brevet de pilote en 1937.
En avril 1938, il s'engage dans
l'armée de l'air ; détaché à l'Ecole
d'Angers, il y obtient son brevet de pilote militaire le 1er
août 1938. Au mois de décembre, il est promu
sergent.
Elève moniteur à Istres en janvier 1939, puis à Salon en août, il
développe ses talents de pilote. Dès la déclaration de guerre, il
devient moniteur de chasse à Bergerac sur Curtiss H 75.
A
l'armistice de juin 1940, il totalise 785 heures de vol mais ressent la
situation avec l'amertume de celui qui n'a pu participer au combat.
Il se fait démobiliser le
1er janvier 1941 et, après un mois passé avec ses
parents, repasse clandestinement la zone de démarcation,
fait annuler son congé et se retrouve affecté à
Blida puis au groupe de chasse I/III à Oran en avril 1941.
Il se lie d'amitié avec deux
camarades - Marcel Albert et Albert
Durand - et les trois hommes décident de rallier la France
libre.
Le 14 octobre 1941 un exercice est
prévu, Marcel Lefèvre aux commandes de son Dewoitine
520, reçoit l'ordre d'attaquer une cible-avion, il part
en piqué et disparaît en rase-mottes, en direction
de Gibraltar. Ses deux compagnons l'accompagnent. Marcel Lefèvre
atteint par erreur le côté espagnol mais parvient à
redécoller devant les carabiniers et à rejoindre le
rocher de justesse.
De Gibraltar, ils embarquent sur une
corvette. Le voyage est périlleux, plusieurs bateaux du convoi
sont coulés, et ils participent au sauvetage des rescapés.
Ils arrivent finalement à Londres et Marcel Lefèvre
signe son engagement dans les Forces aériennes françaises
libres le 19 décembre 1941.
Affecté au Centre d'Instruction
de Camberley, il passe en février 1942 à l'Operational
Training Unit 57 (OTU 57) de Chester et est promu aspirant
le mois suivant.
Le 30 avril 1942, il est affecté
au 81 Squadron de la Royal Air Force et est chargé
de la défense de Londres. Il effectue de nombreuses missions
sur la Manche et la France occupée.
Sur l'initiative du général
Valin, il est décidé de créer une escadrille
de chasse française sur le front russe. En juillet 1942,
Lefèvre et ses deux amis sont volontaires pour cette escadrille.
Après un long voyage qui les amène à Lagos,
puis à Rayak et à Téhéran, ils arrivent
en URSS le 29 novembre 1942.
Après trois mois d'entraînement
sur les Yak et sous les ordres du commandant Tulasne,
le sous-lieutenant Lefèvre se révèle le plus
brillant des chasseurs. Il participe aux offensives victorieuses
de Ielna, Smolensk et Orcha. Mais, en novembre 1943, le groupe est
décimé et épuisé, ayant perdu vingt
pilotes. Marcel Lefèvre, quant à lui, compte onze
victoires sûres et trois probables.
Des pilotes en provenance d'Afrique
du Nord renforcent alors le "Normandie-Niémen"
; Lefèvre sans hésiter ne prend pas les quelques mois
de repos auxquels il a droit, mais se sacrifie pour "mettre
en selle" les nouveaux venus.
Le 25 décembre 1943 il est
promu lieutenant et reçoit le commandement de la 3e escadrille
"Cherbourg" équipée de matériel neuf.
Par ailleurs passionné par les mœurs et coutumes de
la Russie, il en apprend la langue dans ses moments de repos.
En mai 1944, le groupe quitte Toula
pour repartir au front, dans la région de Vitebsk.
Le 28 mai 1944, alors qu'il totalise
1 300 heures de vol et 128 missions de guerre, Marcel Lefèvre
part en mission de reconnaissance sur les lignes à la tête
de 11 Yak. Mais son appareil subit une avarie, une fuite
d'essence, et tente alors de le ramener. Au moment où il
se pose sur le terrain où stationne le "Normandie",
une immense flamme jaillit sous le ventre de l'avion et Lefèvre,
torche humaine, sort de l'appareil en courant et se roule sur le
sol. Il est immédiatement conduit à l'infirmerie du
régiment, gravement brûlé au visage, aux mains
et aux cuisses, mais il garde un bon moral.
Evacué sur l'hôpital
de Moscou Marcel Lefèvre décède le 5 juin 1944.
Il est inhumé à Moscou au cours d'une cérémonie
émouvante et solennelle puis, en 1953, dans sa ville natale
des Andelys.
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